Venez avec moi et partagez mon week-end de reportage à l’occasion de la dernière manche du championnat WTCR, à Jeddah, en Arabie Saoudite.
Dans le récit ci-dessous, j’ai fait le choix de vous parler au présent, puisqu’il s’agit de notes que j’ai pu prendre au fur et à mesure du temps durant le week-end.
J’espère que ce format « De l’autre côté du viseur » qui s’inspire de mon journal de bord saura vous plaire. N’hésitez pas à me faire vos commentaires, positifs, ou non [mais constructifs !] et si vous en voulez d’autres dans le futur…
Jeudi 24 novembre 2022 - Premières aventures
Cela faisait deux mois que je n’étais pas parti en reportage.
J’ai plutôt hâte d’y être, pour plusieurs raisons : depuis quelques semaines, je cherche à changer mon approche de la photographie, à retrouver le feeling que j’ai pu avoir il y a quelques années. Je suis également content de pouvoir mettre les pieds dans un pays que je ne connais pas encore, de me laisser surprendre et enfin, cela commençait à me manquer sérieusement, cette adrénaline, cette énergie, cette pression (dans le sens positif !).
Ce matin, le réveil a sonné assez tôt, vers 5h30 puisque mon TGV qui m’emmène à l’aéroport CDG part à 7h30 de Strasbourg.
Il fait 8°C à l’extérieur, une pluie très légère tombe. Le sentiment est assez étrange lorsqu’on sait que quelques heures plus tard, il y aura probablement 20°C de plus.
Habituellement, je voyage avec une playlist, cette fois ce sera avec un audiobook. Comme j’ai un peu la flemme de lire les livres du Seigneur des Anneaux, l’audiobook est une bonne alternative 🙂 !
Arrivé à l’aéroport, je reçois quelques nouvelles des personnes du WTCR déjà présentes sur place, à Jeddah : une très grosse pluie [une intempérie, même] a eue lieue dans la nuit de mercredi à jeudi et les rues sont inondées assez fortement.
Cela devrait cependant bien se passer pour les jours suivants : les prévisions météo annoncent du beau temps pour le reste du week-end. [Ce n’est quand même pas de chance de tomber le week-end où il pleut en Arabie Saoudite !]
Mon voyage vers Jeddah
Suite à cela, notre avion décolle avec environ 1 heure de retard. Sur place, de nombreux bâtiments, installations électriques et informatiques sont endommagés. A ce moment précis, nous ne savons pas encore si l’événement aura lieu. Autre fait à noter : ce week-end sera la toute dernière manche du championnat WTCR puisqu’il n’existera plus en 2023.
Nous partons de Paris avec mon collègue Greg aux alentours de 16h, nous arrivons à 23h30 à Djeddah (21h30 en France). Nos bagages sont livrés environ 1h30 plus tard. Notre voiture de location n’est pas disponible car toutes les voitures du loueur sont soit déjà louées, soit hors-service à cause des inondations.
Nous finissons donc par prendre un Taxi pour arriver à l’hôtel vers 2h30. Maintenant, nous pouvons enfin dormir.
Vendredi 25 novembre 2022 - Découverte des lieux
Réveil à 8h30 ce vendredi matin, en espérant trouver une voiture de location. Après plusieurs appels et tentatives, toujours rien à l’horizon. Nous prenons le temps de déguster notre petit déjeuner, puis nous retournons nous reposer dans nos chambres.
Nous partons finalement vers 11 heures au circuit pour faire un peu de repérages. Nous découvrons également l’étendue des dégâts causés par la pluie et les inondations. De nombreuses salles sont dégradées, encore humides. L’ambiance est assez particulière, mais beaucoup de personnes travaillent à la reconstruction de ce qui peut l’être. L’électricité n’est pas encore raccordée à nos bureaux dans le Media Center, ce qui risquerait de poser un problème si cela se poursuit dans la soirée.
A 19h30 démarre la première séance d’essais. C’est pour moi la première fois que je réalise des photos sur une session nocturne, avec un éclairage du circuit. Je suis assez surpris du résultat et de la quantité de lumière disponible. Nous ne sommes pas comme en plein jour, mais ce n’est pas loin. En termes de réglages, nous pourrions presque avoir l’équivalent sur une journée bien nuageuse.
Une heure et demie plus tard, les photos sont traitées et envoyées. Je réalise ma sauvegarde avant de retourner à l’hôtel pour espérer récupérer les heures de sommeil qu’il me manque.
Samedi 26 novembre 2022 - Azcona titré
Trois sessions sont prévues aujourd’hui : deux séances d’essais et la séance de qualifications. La première séance débute aux alentours de 13h, nous avons donc un peu de temps pour nous reposer le matin.
Nous arrivons au circuit un peu avant 11h pour prendre une photo de famille avec les pilotes, les team managers et le staff FIA.
Je vais réaliser des images d’action pour cette première séance d’essais. J’avais prévu d’aller à l’extérieur du virage 7, mais les accès étant très compliqués entre l’intérieur et l’extérieur du circuit, je dois demander l’autorisation de traverser la piste avant la séance.
Malheureusement, et malgré l’aide du promoteur auprès de la direction de course, l’accord ne m’est pas donné, je suis donc contraint de mettre en place un plan B [que j’avais prévu – car on savait quand même à quoi s’attendre !]
Nous avons a peine le temps de décharger nos cartes, d’avaler un morceau qu’il faut déjà repartir pour la seconde séance d’essais. Cette fois, je suis dans la pitlane. Toutes les équipes peaufinent les réglages de leurs autos pour être prêtes pour la séance de qualifications de ce soir. C’est très important, notamment pour Mikel Azcona qui peut gagner le titre dès l’issue des qualifications – car des points y sont distribués.
La séance d’essais terminée, il faut tout envoyer – une petite centaine d’images à traiter…
La montée en pression
Désormais, nous allons tous les deux en pitlane pour la séance qualificative qui va se dérouler de nuit. Les enjeux sont importants, il faut couvrir l’événement ! C’est la première fois que je couvre une course pouvant titrer un pilote. Je sais à quoi m’attendre, je sais que cela va être intense et qu’un moment fort va arriver… la question est simplement : où être pour capter cet instant de la meilleure des manières ? Je choisis de rester sur le muret des stands, avec les ingénieurs, le management. Mon collègue, navigue entre la pitlane et le muret, mais s’occupera plutôt du retour de la voiture dans les stands.
Le moment tant attendu arrive, tout le monde explose de joie. Entre ce moment et la fin des célébrations, environ 1h plus tard… j’ai réalisé environ 700 photos. Tant de choses se passent, des sourires, des embrassades, des scènes de joie… Il faut également suivre le pilote qui remonte la pitlane et la cérémonie de la remise du trophée notamment.
Je vais maintenant trier tout cela, éditer, traiter… la routine quoi ! 😀
Nous rentrons à l’hôtel vers 23h, nous absorbons un ersatz de bière [sans alcool!] avec quelques collègues, puis une longue nuit nous attend. Demain, tout se passera en fin de journée.
Dimanche 27 novembre 2022 - Sentiments mitigés
Le réveil était tardif ce matin. Pour une fois, nous avons le temps de prendre le temps. Mon pied gauche me fait un peu mal, j’ai beaucoup marché la veille.
Nous quittons l’hôtel aux alentours de midi, pour visiter un peu la corniche, le long de la Mer Rouge. Les paysages sont plutôt jolis, il fait très chaud [32°C] et l’air est un peu humide.
Nous allons au circuit vers 14 heures car nous avons quelques photos à faire pour le promoteur. Il faut aussi préparer notre soirée, qui sera composée de deux courses. Je serai chargé de réaliser les images des deux séances, dans l’axe de la ligne droite de départ. Greg sera quant à lui, l’électron libre, et terminera par le podium.
Course 1
N’ayant pas de scooter à notre disposition [à notre plus grande joie !], je pars à pied, rejoindre le premier virage. [et 25 minutes de marche, avec 10kg de matériel sur les épaules, c’est pas drôle]
Arrivé sur place, je prends le temps de vérifier ma connexion wifi, pour envoyer quelques images en direct. Je réalise mes réglages sur mes deux boitiers. L’un [le Canon R6] est monté avec le 70-200mm, le second [le Canon 1Dx] avec le 500mm.
Sur cette première course, le plan est assez clair : des actions dans l’axe de la ligne droite, quelques images en filé à l’intérieur du virage 2, puis quelques images de face à la sortie du virage 2, avec une petite mosquée en arrière-plan. Celle-ci était éclairée durant le GP de F1, mais évidemment, pas pour notre course : dommage…
La session se déroule très bien, il y a de jolies images, il faut rentrer en salle de presse pour traiter tout cela. Je tente d’interpeller un commissaire de piste pour me faire traverser [et éviter de marcher encore 25 minutes]. Après environ 10 bonnes minutes de négociation, je peux enfin traverser.
Course 2
Environ 1h plus tard, je repars vers ce premier virage, cette fois en traversant la piste. [parce que oui, je suis allé voir le commissaire à mon premier passage pour voir avec lui, si je pouvais revenir pour la deuxième course]. Même routine que précédemment, vérification du wifi, réglage des boitiers, je suis prêt. [les moustiques aussi étaient prêts !]
La différence cette fois, est que je fais 3 tours en photo, je rentre à pied [par le grand détour, puisque je ne peux pas traverser la piste en pleine session – bah oui !] et je file faire l’arrivée sous le drapeau à damiers.
N’oubliez pas, il s’agit de la dernière course du WTCR. A l’issue de celle-ci, ce championnat n’existera plus. Je m’attends donc à une certaine émotion, sauf qu’à quelques tours de l’arrivée, Nathanaël Berton s’accroche avec Rob Huff et doit s’immobiliser en bord de piste. La voiture de sécurité entre alors sur le parcours. Il reste environ 5 minutes + 1 tour de course. Lorsque le dernier tour est amorcé, nous sommes déçus de voir que la safety car n’entre pas aux stands. Nous terminerons donc la dernière course du WTCR de l’histoire sous régime de drapeau jaune. Cela me donne un sentiment de tristesse, de gâchis, d’inachevé.
Il nous reste maintenant à couvrir le podium, à traiter nos images et à nous coucher. Nous finissons notre travail vers 1h30, arrivons à l’hôtel à 2h. Le réveil est fixé à 5h30. Bonne [courte] nuit !
Lundi 28 novembre 2022 - Le jour le plus long...
Bip, bip ! Le réveil sonne ! [quoi ? déjà ?]
Après une bonne nuit de 3h [non, je rigole], nous partons à l’aéroport. Il faut rendre la voiture de loc [que nous avions finalement eue vendredi après-midi, oui, j’ai oublié d’en parler], prendre le petit déjeuner à l’aéroport et prendre l’avion qui nous ramène à la maison.
Nous retrouvons quelques personnes de l’organisation dans le lounge, avec qui nous partageons ce moment. Tout le monde a les traits tirés.
J’embarque maintenant pour 6 heures de vol, à côté une personne prenant un peu trop de place, coincé entre lui et le hublot. [c’est très agréable]
Arrivés à Roissy, bagages récupérés, nous nous saluons tous et puis je pars en direction du la gare TGV, dans l’espoir, peut-être, d’avoir un train qui part un peu plus tôt, car je dois potentiellement attendre 4 heures…
Pas d’autre train, je m’affale dans un siège, a l’écoute de mon audiobook. Les aventures de Frodon l’amènent à traverser les marécages avec Gollum et Sam, en direction du Mordor. Au bout d’une heure, j’ai mal à mon postérieur [déjà endolori des 6h d’avion]. Je pars donc me promener parmi les terminaux. Il est 15h, j’ai un peu faim… allons pour un McDo [ouais, pas cool de finir comme ça, je sais !]
Une heure passe, parce que je n’y suis pas allé “que” pour “fast-fooder”… mais aussi pour passer le temps. Allez, plus que deux longues heures d’attente, voici mon TGV. J’ai hâte de revoir ma famille.
Il fait 7°C, une petite pluie tombe…
Alors, ça vous a plu ? Vous avez aimé ? Pas du tout ? Dites moi tout en commentaire 🙂
Merci pour votre lecture !
Vous pouvez aussi découvrir les photos réalisées durant ce reportage ici : WTCR Jeddah 2022